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Tanger, vitrine économique du Maroc


La région de Tanger/Tétouan multiplie zones franches et industrielles pour devenir le second pôle économique du Maroc après Casablanca.



La région de Tanger bénéficie d'importantes infrastructures (photo G Tur)
La région de Tanger bénéficie d'importantes infrastructures (photo G Tur)
MAROC. Les responsables économiques Tangérois en sont très fiers. Le Foreign direct Investment magazine, une publication du Financial Times, classe la zone franche de Tanger sixième meilleure zone de l’avenir pour l’année 2012-13, première zone franche portuaire, deuxième meilleure zone aéroportuaire. Au niveau mondial bien sûr. 

En fait, le triangle compris entre Tanger, le port de Tanger Med et Tétouan est devenu en quelques années la vitrine économique du Maroc avec toute une série de zones franches et de zones industrielles desservies par une autoroute, un port ultra moderne, une voie ferrée et demain le TGV. 

Le TGV Tanger / Casablanca entrera en fonction en 2015 en dépit de fortes oppositions. Il faudra alors 2h10 au lieu de 4h45 pour relier les deux villes. Le Maroc deviendra le premier pays africain à disposer du TGV pour un montant évalué à une trentaine de milliards de dinars, soit un peu mois de 3 mrds €.

Un pivot entre l'Europe et l'Afrique.

La zone logistique de Tanger Free Zone affiche pratiquement complet (photo G Tur.)
La zone logistique de Tanger Free Zone affiche pratiquement complet (photo G Tur.)
Les énergies renouvelables ne sont pas oubliées avec déjà autour de Tanger plusieurs parcs éoliens fournissant 260 MW. Cinq autres en construction produiront 200 MW supplémentaires. Deux parcs géants de 600 MW restent à l'étude. La région de Tanger deviendra demain le premier pôle de production éolienne d'Afrique. 
  
« Les efforts du Maroc se concentrent sur le nord du Pays. L'activité, la croissance, la valeur ajoutées sont ici » explique le vice-président de Finance et Conseils en Méditerranée, Mohamed Laqhila, à l'occasion d'une mission conduite du 21 au 23 octobre 2012 à Tanger par Finance Conseils Méditerranée (FCM). 
  
Le nord du Maroc tire ainsi profit de sa position géographique idéale à la frontière de l'Atlantique et de la Méditerranée, de l'Europe et de l'Afrique. La région se positionne comme pivot dans les flux est-ouest et nord-sud de marchandises. Le royaume a déjà tenté, sans grand succès, d'en faire un hub financier. Tanger revendique en effet depuis 1992 le titre de place financière offshore. Mais seules six banques et environ 200 holdings ont choisi de se domicilier à Tanger. L'administration fiscale marocaine semble peu apprécier l'évasion fiscale. 

Des dizaines de milliers d'emplois

La Grande plateforme Industrielle de Tanger Med devient peu à peu une réalité (photo Tanger Med)
La Grande plateforme Industrielle de Tanger Med devient peu à peu une réalité (photo Tanger Med)
Les zones franches rencontrent en revanche plus de succès. Créée en 1999 sur 350 hectares, Tanger Free Zoneabrite près de 200 entreprises à capitaux majoritairement espagnols et français comme SNOP, Takata, Denso, ou encore GMD. Elles y ont déjà investi plus de 700 M€ et créé 35 000 emplois. Adossée à l'aéroport de Tanger, TFZ affichera complet en 2014. L'aménagement d'une centaine d'hectares supplémentaire permettra de renforcer ce pôle dédié essentiellement au textile, à l’aéronautique et à l'automobile. TFZ fait partie du groupe TMSA qui gère également le port de Tanger Med et la toute récente zone franche logistique attenante. 
  
Seule la première tranche de la zone logistique est opérationnelle. Mais elle accueille déjà de belles signatures comme San José Lopez, Géodis, Makita.... Les logisticiens occupent 133 hectares sur les 250 disponibles. Ubipharm, leader africain en logistique de produits pharmaceutiques et la Société Nationale de Transports Logistiques commencent à s'installer. « Nous cherchons maintenant des logisticiens travaillant le froid pour traiter les fruits et légumes ou dans transformer les produits de la mer » précise un cadre de TMSA. 
  
Les Marocains ne lésinent pas sur les facilités fiscales et douanières pour attirer des capitaux étrangers sur les zones franches de la région de Tanger : pas d'impôt sur les sociétés pendant cinq ans, puis un IS de seulement 8,75% les vingt années suivantes. Quinze ans sans taxe professionnelle. Pas de TVA. Pas de droits d'importation ni de frais de change car les zones franches travaillent en euro. Seules bénéficient de tels avantages les activités d'exportation. 
Il faut ajouter à cela de très bonnes infrastructures, une stabilité politique, un donneur d'ordre de premier rang avec l'usine Renault Nissan, un SMIC marocain à 220 € pour 44 heures de travail hebdomadaire, 1 à 2 % d'inflation depuis dix ans... Avec de tels ingrédients, la recette Tanger ne peut que séduire les investisseurs. 

Quelques grains de sables

Les immeubles poussent comme des champignons pour loger les travailleurs venus d'autres régions marocaines (photo G Tur)
Les immeubles poussent comme des champignons pour loger les travailleurs venus d'autres régions marocaines (photo G Tur)
Depuis Tanger Free Zone et Tanger Med, le Maroc surfe sur la vague et crée dans la région de Tanger d'autres zones franches ou industrielles. Au total, la plateforme industrielle de Tanger devrait représenter à terme 5 000 hectares divisés en une dizaine de sites gérés en guichet unique par TMSA. 
  
Avec comme locomotive Meloussa I et II, sur 820 hectares. Meloussa I abrite déjà l'usine Renault Nissan sur 280 hectares. Juste en face se construit la zone Tanger Automotive City sur 260 hectares. La première tranche de 70 hectares sera livrée au 2e trimestre 2013. Le groupe Indien SSWL va y faire des jantes sur 50 000 m². 
  
À deux pas de Tétouan, la première tranche de 21 000 m² de Tétouan Shore vient d'être livrée en avril 2012. D'ici juin 2013, elle proposera 100 000 m² dédiés aux centres d'appels. En 2013, toujours à Tétouan, une nouvelle zone industrielle sortira de terre. Un agropole, une zone franche commerciale demeurent également à l'étude au sud de Tanger et à Tétouan. 
Déjà, la région de Tanger n'arrive pas à fournir la main-d'œuvre nécessaire aux industriels. Ainsi, 70% du personnel travaillant à Renault vient d'autres régions marocaines. Pour loger tout ce monde, de véritables forêts de grues poussent un peu partout dans et autour de Tanger. Une ville nouvelle, Ch'rafat, devrait prochainement sortir de terre pour abriter 1 200 habitants. 
Ce tableau idyllique pour les entreprises cache bien sûr quelques imperfections. Directeur du développement à GSE, Cédric Guez regrette « des délais de paiement considérables pouvant dépasser 150 jours » et la « difficulté de récupérer les excédents de TVA » auprès de l'administration fiscale. La région de Tanger connait également quelques conflits sociaux, comme à la CMA-CGM en 2011 ou plus récemment chez Daher. 


Gérard Tur, à TANGER

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