COURCELLES - La FGTB-UBOT s’insurge contre le recours aux travailleurs des pays de l’Est dans le secteur des transports de marchandises.
Un camion tracteur immatriculé en Roumanie et une remorque à la plaque d’immatriculation belge. Les autoroutes belges sont gorgées de telles combinaisons. Un assemblage banal mais qui cause la perte de bennes d’euros et de nombreux emplois.
C’est contre ce type de fraude que s’est insurgée la FGTB UBOT (Union Belge des Ouvriers du Transport) hier à la gare autoroutière d’Houdeng et à l’entrée du zoning industriel de Courcelles.
Distribuant des tracts aux conducteurs de poids lourds, une poignée d’insurgés se plaignait du dumping social et du contournement des règles en vigueur concernant le cabotage. «Normalement, on ne peut pas réaliser plus de trois transports intérieurs dans une période de sept jours,évoquait Dalila Larabi, de la FGTB UBOT.Cette règle est déjà bafouée et le commissaire européen Siim Kallas est déterminé à l’assouplir. Nous ne l’acceptons pas. »
Vivre dans son camion
Plus que l’Europe, c’est tout un système qu’il faudrait changer. Les sociétés de transports font appel à des ressortissants des pays de l’Est, qu’ils payent à des prix plancher, pour assurer le transit de marchandises, au mépris de toutes les règles en vigueur. «Des conducteurs hongrois vont même jusqu’à conduire en couple. Ils ne rentrent pas chez eux pendant un mois. Ils dorment sur des parkings, dans des conditions d’hygiène déplorables», souligne Jean-Claude Delanghe, qui travaille dans le transport des déchets. «Il y a même des entreprises qui font loger des conducteurs dans des conteneurs», renchérit Hakim El Masoudi.
Plus de voix que le Kallas
L’action de la FGTB ne vise cependant pas ces travailleurs, qui mettent leur santé en péril pour une bouchée de pain. Mais bien le système en lui-même, qui n’est jamais mis en question par le politique. «Plutôt que de traquer les travailleurs on ferait mieux de traquer les boîtes aux lettres fictives dans les pays de l’Est», râle Hakim El Masoudi.
Alain, conducteur liégeois de passage à Courcelles, abonde en ce sens : «Les coûts augmentent, les patrons veulent faire des économies et les travailleurs trinquent. Résultat on ne nous vire pas mais on nous harcèle pour qu’on travaille au rabais ou qu’on quitte nous-mêmes notre poste».
Afin de faire bouger les choses, les syndicalistes en action hier ont proposé aux camionneurs d’inonder la boite mail du commissaire européen Kallas et de ses collaborateurs. Histoire de montrer au Kallas que les travailleurs eux aussi peuvent donner de la voix.
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