2010-2015 : une période sous l'égide d'un contrat-programme pour le domaine de la logistique. Une véritable stratégie intégrée qui veut rendre le pays plus compétitif.
Le secteur de la logistique représente aujourd’hui une part essentielle du tissu économique du Royaume. En effet, il contribue à hauteur de 5% à la formation du PIB, emploie environ 300 000 personnes (dont 25-30% pour compte d’autrui), et apporte une contribution majeure à tout le tissu industriel et commercial du pays, contribuant ainsi à la croissance du pays en général, ainsi qu’à celle de la balance des paiements, à travers les exportations et les investissements directs étrangers.
Toutefois, plusieurs analystes reconnaissent qu’aujourd’hui la performance du secteur dans son ensemble reste à un stade intermédiaire, caractéristique des pays émergents, mais présente un fort potentiel de développement par rapport aux pays qui ont réussi leur mutation logistique ; une offre de services encore inégale (coût, qualité, délai) ; une demande en moyenne peu sophistiquée et un manque d’infrastructures spécialisées sur certains flux. Par conséquent, afin de pallier les diverses carences, un contrat-programme portant sur la période 2010-2015 a été décrété.
En effet, les acteurs sectoriels et les pouvoirs publics ont conscience de l’enjeu. Pour eux, il va sans dire que la compétitivité logistique constitue un levier important dans l’amélioration de la compétitivité des métiers mondiaux du Royaume, dans le cadre du Pacte national pour l’émergence industrielle, dans l’amélioration de la compétitivité des filières agricoles exportatrices du Plan Maroc Vert ou encore dans la compétitivité des produits marocains sur le territoire national (distribution locale, préservation du pouvoir d’achat, sécurité, hygiène notamment pour les produits frais, transparence sur les prix…). De même, la sécurisation et l’optimisation des coûts d’importation des matières premières énergétiques représentent un enjeu majeur dans le cadre de la nouvelle stratégie énergétique du Royaume. Il s’agit donc de soutenir dans la durée des efforts important déjà consentis à l’égard du secteur logistique, et de lancer les chantiers stratégiques d’amélioration de sa compétitivité sur l’ensemble des modes et l’ensemble des flux, en commençant par ceux qui impactent le plus l’économie du pays tout en impliquant activement les opérateurs privés dans cette nouvelle phase.
Etat et secteur privé liés par des engagements réciproques
Pour ce faire, une nouvelle stratégie logistique de la nation articulée autour de cinq axes clés a été décidée. A savoir le développement et la mise en œuvre d’un réseau national intégré de Zones logistiques multi-flux, l’optimisation et la massification des flux de marchandises (divers, vracs et conteneurs import/export), la mise à niveau et l’incitation à l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et performants, le développement des compétences à travers un plan national de formation dans les métiers de la logistique et la mise en place d’un cadre de gouvernance du secteur via des mesures de régulation adaptées.
Parmi les objectifs généraux visés figurent la mise à niveau et la montée en gamme des opérateurs nationaux de transport routier de marchandises pour fournir des prestations logistiques intégrées ; l’encouragement à l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et performants des opérateurs publics (ONCF, SNTL, Marsa Maroc, RAM) autour de leur métier de référence, notamment à travers le recadrage de leurs stratégies dans le cadre de la diversification de leurs portefeuilles d’activités ; l’encouragement des opérateurs publics et privés opérant dans le secteur de la logistique à l’investissement dans les activités y afférentes en vue de consolider les acquis et de mettre en place une offre attractive et compétitive visant l’accompagnement du développement des plateformes logistiques et l’offre des prestations logistiques intégrées.
Puis vient la promotion des opportunités de développement des activités logistiques dans les différentes régions en vue d’attirer les acteurs nationaux et internationaux de référence dans le secteur de la logistique, notamment autour des ZLMF, permettant ainsi le développement des investissements locaux et extérieurs, ainsi que l’introduction des meilleures pratiques dans le secteur.
Et, enfin, la promotion de l’externalisation et de la sous-traitance de la logistique par les opérateurs économiques via la sensibilisation des donneurs d’ordre quant à l’importance d’une gestion optimale des chaînes logistiques.
Bien sûr, un tel contrat-programme va forcément de pair avec une dynamique au niveau de la formation aux différents postes professionnels. Ainsi, à l’horizon 2015 ce sont 800 managers, 1 500 ingénieurs et 12 950 techniciens spécialisés qui devraient être embauchés. Ces profils verraient leur nombre respectivement porté à 2 400, 5 100 et 34 200 en 2030. Par conséquent, à maints égards, il s’agit là d’un vecteur majeur du développement du tissu économique et social national.
Cela dit, malgré la mise en œuvre de ce fameux contrat-programme, la Fédération du transport au sein de la CGEM a relevé maintes insuffisances. En effet, selon les dernières études réalisées dans ce domaine, notamment pour le compte du ministère de l’équipement et du transport et de celui en charge de l’industrie, on relève que le coût de la logistique représente, selon les branches industrielles, de la moitié aux deux tiers des charges du facteur travail ! Il est au minimum de l’ordre de 20% du PIB, soit deux fois supérieur à celui des pays de l’Union Européenne (10%) et des pays d’Europe Centrale, et les marchés émergents comme le Mexique, le Brésil et la Chine (15 à 17%).
De ce fait, le Royaume se situe au même niveau que les pays à faible revenu de l’Amérique Centrale où ce ratio se situe entre 20% et 25% du PIB ! Dans les secteurs manufacturiers (mécanique, textile, électronique), ce coût atteint environ 25% de la valeur ajoutée et pour les exportations des produits agricoles ou la distribution, les frais du transport international représentent 15 à 30% du prix de ces produits.
En somme, ces obstacles peuvent être résumés comme suit : le coût portuaire est supérieur de près de 30% par rapport à la concurrence régionale ; le coût prohibitif du foncier pour la mise en place des plates-formes logistiques notamment à Casablanca, Agadir, Meknès et Nador ; les méfiances des chargeurs pour communiquer les stocks, les cadences de production et leur clientèle ; la petite taille de nombreux chargeurs les empêchant de supporter les coûts de l’externalisation de leur logistique ; la faiblesse de la main-d’œuvre compétente dans ce domaine ; l’absence d’une stratégie globale au niveau nationale ; la faiblesse de l’offre de prestations logistiques qui, de plus, est peu diversifiée ; la presque totalité des entreprises qui offrent une palette complète de services logistiques sont des filiales de groupes européens ayant une clientèle composée d’entreprises multinationales ; la messagerie qui reste dominée par les filiales d’entreprises multinationales.
Au niveau des entreprises, des insuffisances apparaissent.On peut citer : la multiplication des dépôts et erreur dans la configuration des dépôts (mauvais dimensionnement du site, nombre de quais et de rayonnages, et erreurs de définition du stock outil, inadaptation des capacités de réception et d’expédition par rapport aux flux) ; l’inexistence souvent de coordination logistique entre les services d’une même entreprise et entre filiales du même groupe et l’absence d’optimisation des camions ; l’existence de ruptures de charges pouvant être évitées, des délais d’attente trop longs et l’inadaptation du plan de palettisation, ainsi que la diversité des emballages ; une modification fréquente des plans de tournées, un manque de code à barres et de traçabilité.
Par conséquent, une modernisation s’impose. Elle passe par la mise en œuvre d’un plan comprenant une batterie d’actions. Ainsi, la Fédération du Transport CGEM préconise la mise en œuvre des mesures d’accompagnement de la réforme du transport routier et de la formation dans le secteur. La création d’une structure de pilotage comprenant des représentants de l’Administration et de la CGEM pour le lancement et le suivi des actions visant : le développement des investissements et des services logistiques (faciliter le foncier, mesures fiscales, formation spéciale en logistique, intégration dans l’aménagement du territoire), l’amélioration de la compétitivité RO-RO, l’application intelligente de la réforme portuaire, le transfert d’opérations d’expert et import vers le port Tanger-Med ; la facilitation des procédures portuaires et la réduction des temps de passage par la mise en application du système d’EDI et le renforcement de la sécurité portuaire pour réduire la vulnérabilité des camions en transit (émigration clandestine, dissimulation de stupéfiants). A cet égard, une étude du cabinet Mc Kinsey est en cours de réalisation. A suivre donc.
Toutefois, plusieurs analystes reconnaissent qu’aujourd’hui la performance du secteur dans son ensemble reste à un stade intermédiaire, caractéristique des pays émergents, mais présente un fort potentiel de développement par rapport aux pays qui ont réussi leur mutation logistique ; une offre de services encore inégale (coût, qualité, délai) ; une demande en moyenne peu sophistiquée et un manque d’infrastructures spécialisées sur certains flux. Par conséquent, afin de pallier les diverses carences, un contrat-programme portant sur la période 2010-2015 a été décrété.
En effet, les acteurs sectoriels et les pouvoirs publics ont conscience de l’enjeu. Pour eux, il va sans dire que la compétitivité logistique constitue un levier important dans l’amélioration de la compétitivité des métiers mondiaux du Royaume, dans le cadre du Pacte national pour l’émergence industrielle, dans l’amélioration de la compétitivité des filières agricoles exportatrices du Plan Maroc Vert ou encore dans la compétitivité des produits marocains sur le territoire national (distribution locale, préservation du pouvoir d’achat, sécurité, hygiène notamment pour les produits frais, transparence sur les prix…). De même, la sécurisation et l’optimisation des coûts d’importation des matières premières énergétiques représentent un enjeu majeur dans le cadre de la nouvelle stratégie énergétique du Royaume. Il s’agit donc de soutenir dans la durée des efforts important déjà consentis à l’égard du secteur logistique, et de lancer les chantiers stratégiques d’amélioration de sa compétitivité sur l’ensemble des modes et l’ensemble des flux, en commençant par ceux qui impactent le plus l’économie du pays tout en impliquant activement les opérateurs privés dans cette nouvelle phase.
Etat et secteur privé liés par des engagements réciproques
Pour ce faire, une nouvelle stratégie logistique de la nation articulée autour de cinq axes clés a été décidée. A savoir le développement et la mise en œuvre d’un réseau national intégré de Zones logistiques multi-flux, l’optimisation et la massification des flux de marchandises (divers, vracs et conteneurs import/export), la mise à niveau et l’incitation à l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et performants, le développement des compétences à travers un plan national de formation dans les métiers de la logistique et la mise en place d’un cadre de gouvernance du secteur via des mesures de régulation adaptées.
Parmi les objectifs généraux visés figurent la mise à niveau et la montée en gamme des opérateurs nationaux de transport routier de marchandises pour fournir des prestations logistiques intégrées ; l’encouragement à l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et performants des opérateurs publics (ONCF, SNTL, Marsa Maroc, RAM) autour de leur métier de référence, notamment à travers le recadrage de leurs stratégies dans le cadre de la diversification de leurs portefeuilles d’activités ; l’encouragement des opérateurs publics et privés opérant dans le secteur de la logistique à l’investissement dans les activités y afférentes en vue de consolider les acquis et de mettre en place une offre attractive et compétitive visant l’accompagnement du développement des plateformes logistiques et l’offre des prestations logistiques intégrées.
Puis vient la promotion des opportunités de développement des activités logistiques dans les différentes régions en vue d’attirer les acteurs nationaux et internationaux de référence dans le secteur de la logistique, notamment autour des ZLMF, permettant ainsi le développement des investissements locaux et extérieurs, ainsi que l’introduction des meilleures pratiques dans le secteur.
Et, enfin, la promotion de l’externalisation et de la sous-traitance de la logistique par les opérateurs économiques via la sensibilisation des donneurs d’ordre quant à l’importance d’une gestion optimale des chaînes logistiques.
Bien sûr, un tel contrat-programme va forcément de pair avec une dynamique au niveau de la formation aux différents postes professionnels. Ainsi, à l’horizon 2015 ce sont 800 managers, 1 500 ingénieurs et 12 950 techniciens spécialisés qui devraient être embauchés. Ces profils verraient leur nombre respectivement porté à 2 400, 5 100 et 34 200 en 2030. Par conséquent, à maints égards, il s’agit là d’un vecteur majeur du développement du tissu économique et social national.
Cela dit, malgré la mise en œuvre de ce fameux contrat-programme, la Fédération du transport au sein de la CGEM a relevé maintes insuffisances. En effet, selon les dernières études réalisées dans ce domaine, notamment pour le compte du ministère de l’équipement et du transport et de celui en charge de l’industrie, on relève que le coût de la logistique représente, selon les branches industrielles, de la moitié aux deux tiers des charges du facteur travail ! Il est au minimum de l’ordre de 20% du PIB, soit deux fois supérieur à celui des pays de l’Union Européenne (10%) et des pays d’Europe Centrale, et les marchés émergents comme le Mexique, le Brésil et la Chine (15 à 17%).
De ce fait, le Royaume se situe au même niveau que les pays à faible revenu de l’Amérique Centrale où ce ratio se situe entre 20% et 25% du PIB ! Dans les secteurs manufacturiers (mécanique, textile, électronique), ce coût atteint environ 25% de la valeur ajoutée et pour les exportations des produits agricoles ou la distribution, les frais du transport international représentent 15 à 30% du prix de ces produits.
En somme, ces obstacles peuvent être résumés comme suit : le coût portuaire est supérieur de près de 30% par rapport à la concurrence régionale ; le coût prohibitif du foncier pour la mise en place des plates-formes logistiques notamment à Casablanca, Agadir, Meknès et Nador ; les méfiances des chargeurs pour communiquer les stocks, les cadences de production et leur clientèle ; la petite taille de nombreux chargeurs les empêchant de supporter les coûts de l’externalisation de leur logistique ; la faiblesse de la main-d’œuvre compétente dans ce domaine ; l’absence d’une stratégie globale au niveau nationale ; la faiblesse de l’offre de prestations logistiques qui, de plus, est peu diversifiée ; la presque totalité des entreprises qui offrent une palette complète de services logistiques sont des filiales de groupes européens ayant une clientèle composée d’entreprises multinationales ; la messagerie qui reste dominée par les filiales d’entreprises multinationales.
Au niveau des entreprises, des insuffisances apparaissent.On peut citer : la multiplication des dépôts et erreur dans la configuration des dépôts (mauvais dimensionnement du site, nombre de quais et de rayonnages, et erreurs de définition du stock outil, inadaptation des capacités de réception et d’expédition par rapport aux flux) ; l’inexistence souvent de coordination logistique entre les services d’une même entreprise et entre filiales du même groupe et l’absence d’optimisation des camions ; l’existence de ruptures de charges pouvant être évitées, des délais d’attente trop longs et l’inadaptation du plan de palettisation, ainsi que la diversité des emballages ; une modification fréquente des plans de tournées, un manque de code à barres et de traçabilité.
Par conséquent, une modernisation s’impose. Elle passe par la mise en œuvre d’un plan comprenant une batterie d’actions. Ainsi, la Fédération du Transport CGEM préconise la mise en œuvre des mesures d’accompagnement de la réforme du transport routier et de la formation dans le secteur. La création d’une structure de pilotage comprenant des représentants de l’Administration et de la CGEM pour le lancement et le suivi des actions visant : le développement des investissements et des services logistiques (faciliter le foncier, mesures fiscales, formation spéciale en logistique, intégration dans l’aménagement du territoire), l’amélioration de la compétitivité RO-RO, l’application intelligente de la réforme portuaire, le transfert d’opérations d’expert et import vers le port Tanger-Med ; la facilitation des procédures portuaires et la réduction des temps de passage par la mise en application du système d’EDI et le renforcement de la sécurité portuaire pour réduire la vulnérabilité des camions en transit (émigration clandestine, dissimulation de stupéfiants). A cet égard, une étude du cabinet Mc Kinsey est en cours de réalisation. A suivre donc.
Maroc : Le contrat-programme logistique en chiffres
10 contrats d’application ; 116 milliards de DH à investir en 20 ans dont 63 milliards avant 2015?; 15 à 20% de baisse des coûts de logistique à l’horizon 2015. 5 axes pour atteindre les objectifs?: création d’un réseau national intégré de zones logistiques multi-flux (ZLMF), intensification des flux de marchandises (conteneurs, vrac et divers), incitation à l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et à la mise à niveau des acteurs existants, mise en œuvre d’un plan de développement pour la formation aux métiers de la logistique, création d’un organisme de régulation et de bonne gouvernance. 3 200 ha de foncier à mobiliser en 20 ans dont 1 980 à l’horizon 2015. 5 types de zones logistiques : conteneurs, produits finis, blé, produits agricoles, matériaux de construction. 5 plateformes dans 5 régions : Tanger, Casablanca, Fès-Meknès, Nador, Marrakech. 30 villes connaîtront des aménagements d’adaptation en matière d’infrastructures. 35% de CO2, en moins comme objectif environnemental, 61 600 personnes à former avant 2015 : 800 managers, 1 500 ingénieurs, 12 950 techniciens. 46 300 opérateurs spécialisés.
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