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L'offre logistique commence à s'étoffer, mais la demande est encore insuffisante...

Les exportateurs recourent trop faiblement à l’externalisation logistique. La maîtrise de la chaîne permet d’être compétitif. De nombreuses solutions innovantes arrivent sur le marché.


Dans la continuité du contratprogramme, la mise à niveau des opérateurs des transports est intimement liée à la mise en place d’infrastructures modernes dédiées à la logistique. Des plateformes, dont la plus importante est à Zenata, doivent permettre de canaliser et optimiser les flux. Mais les défis à relever restent de taille aussi bien au niveau de l’offre que la demande.






Chaîne logistique



Selon Abdelali Berrada, organisateur de Logima (Salon international des métiers du transport et de la logistique), le Maroc est un pays qui œuvre pour l’édification d’un système économique moderne, productif et compétitif. En se fixant comme objectif de consolider sa position dans l’économie mondiale, il était essentiel qu’il améliore son secteur logistique et sa chaîne d’approvisionnement pour être compétitif à l’échelle internationale. En effet, avec les plans sectoriels, le programme de modernisation du commerce intérieur, les stratégies de développement régionales…, le Maroc connaîtra dans les années à venir un véritable bond en avant dans son développement économique et social. Dans ce cadre, la logistique est étroitement liée à l’accompagnement et l’amélioration de l’efficience de tous ces projets et programmes. La simplification des procédures douanières, la politique des réformes et de libéralisation des différents modes de transport (terrestre, maritime, aérien), les grands chantiers d’infrastructures (portuaires, autoroutières), et aujourd’hui la nouvelle stratégie nationale logistique sont autant de facteurs qui apportent des solutions concrètes au développement du secteur. Ceci dit, et malgré tous ces efforts, la logistique locale reste assez chère ne serait-ce que par rapport aux concurrents immédiats. Si on se réfère à l’étude réalisée conjointement par le ministère de l’équipement et du transport et la Banque Mondiale en 2006, les coûts globaux de la logistique au Maroc représentent environ 20% du PIB, alors qu’ils sont de l’ordre de 10% à 16% dans les pays de l’Union Européenne, et de 15 à 17% au Brésil, au Mexique ou en Chine. Toujours selon Abdelali Berrada, si nous voulons que le Maroc soit une véritable plateforme de production et d’investissement régionale, et préserver la compétitivité globale de nos exportations, nous devons améliorer notre secteur logistique, et cela passe aussi par un partenariat efficace entre le secteur public et privé. Notre spécialiste affirme aussi que le Maroc a plusieurs atouts, notamment sa proximité géographique avec le marché européen, la qualité de ses infrastructures autoroutières et portuaires, sa bonne intégration dans l’organisation des transports internationaux. Cependant, pour un pays qui entre peu à peu dans la concurrence internationale, le Maroc est confronté à des concurrents puissants, voisins et lointains tels que les pays de l’Europe de l’Est, la Turquie, sans parler de la Chine ou du Brésil. Face à ce constat, nous ne pouvons que légitimement nous interroger quant aux freins dont pâtit le secteur. Abdelali Berrada indique que «les obstacles sont nombreux, notamment le manque de coopération entre les différents acteurs du secteur, la fragmentation et l’atomisation du transport routier dont la majorité des opérateurs sont dans l’informel, les coûts du transport et des frais d’approche des opérations d’import et d’export, le faible recours à l’externalisation des opérations logistiques par les entreprises, le manque de compétences managériales et techniques, la faible utilisation des technologies de l’information, l’indisponibilité actuelle du foncier public pour la création de zones logistiques, la faiblesse de l’offre des services logistiques au niveau de prestataires spécialisés et de plates-formes pour la massification et l’optimisation des flux de marchandises, l’inexistence de solutions de transport multimodal…». Puisqu’il s’agit d’un secteur qui connaît une croissance exponentielle, la logistique a donc un avenir radieux et devrait intéresser de nombreux jeunes désireux de faire leur entrée sur le marché de l’emploi au sein d’une filière prometteuse, diversifiée et valorisante. Alors, les métiers de la logistique sont-ils bien promus et connus localement ? «A part les entreprises qui ont intégré la logistique dans leur stratégie et leur structure organisationnelle comme les grands groupes industriels et la distribution moderne, les métiers de la logistique restent assez méconnus par la majorité des entreprises marocaines. En effet, rares sont les entreprises qui disposent d’une structure logistique identifiée, ou d’outils pour engager une démarche permettant de mesurer et d’améliorer leur performance par l’élimination des gaspillages, la maîtrise des coûts, la réduction des stocks, le respect des délais, l’amélioration du taux de service, le gain de parts de marché,… Pour y remédier, il y a des efforts à faire au niveau de l’information et de la sensibilisation du tissu industriel et commercial sur les avantages que peut conférer la logistique et son impact sur leur compétitivité et leur performance. C’est d’ailleurs l’un des objectifs de Logima qui cherche, à la fois, à aider les entreprises dans l’enrichissement de leur culture logistique et à valoriser les métiers de la chaîne du transport et de la logistique», note Abdelali Berrada. Interrogé sur un salon tel Logima, son organisateur précise que Logima a été créé en 2005 dans l’objectif d’apporter une contribution active dans le développement de la culture logistique au Maroc. En effet, dans le contexte actuel marqué par des défis et des opportunités, les entreprises marocaines doivent se préparer aux mutations en cours et aux évolutions futures pour rester dans la course internationale, et ce, en intégrant la donne logistique dans leur stratégie. Logima s’inscrit dans cette dynamique, et sa vocation est précisément de les aider à appréhender et à anticiper cette nouvelle donne pour survivre et croître dans un marché de plus en plus concurrentiel. Aussi, et depuis plus de 6 ans, Logima cherche à s’adapter pour mieux répondre aux besoins et aux attentes des secteurs-clients, tout en poursuivant sa vocation première qui est celle de permettre aux entreprises de développer leur performance en leur donnant les clés afin d’optimiser leur chaîne logistique ; organiser un moment convivial, de partage et d’échange d’informations et d’expériences concrè-tes ; faire un point régulier sur les évolutions et les tendances de la logistique au niveau national et international ; offrir une véritable vitrine et une vision optimale des produits, services, solutions et savoir-faire des métiers du transport et de la logistique ; fédérer une profession aux composantes diversifiées autour d’une plate-forme annuelle de rencontres, de contacts et d’affaires. Pour toutes ces raisons, Logima n’est pas uniquement un simple salon, c’est un ensemble d’expertises et de solutions qui permet aux dirigeants d’entreprises de disposer des atouts nécessaires pour gagner en compétitivité et en performance aussi bien sur les aspects stratégiques, commerciaux, qu’opérationnels. Il leur permet ainsi d’obtenir l’information recherchée, d’avoir des réponses aux questions d’optimisation des outils et ressources, de trouver des solutions ou des concepts performants, de lier des partenariats, d’agrandir leur réseau de prestataires et de faire, en fait, de leur logistique un centre de profit. La réussite des cinq premières éditions de Logima témoigne de l’intérêt croissant que portent les opérateurs économiques à la logistique, cette nouvelle discipline qui est devenue une variable essentielle dans toutes les stratégies compétitives. Par ailleurs, le secteur de la logistique, longtemps assimilée et cantonnée au transport, commence petit à petit à prendre forme et à acquérir ces dernières années ses titres de noblesse pour devenir progressivement un secteur à part entière et digne d’intérêt. C’est un secteur dynamique et à forte valeur ajoutée dont l’évolution de son poids économique, sa contribution dans le développement territorial et la création d’emplois sont indéniables. Enthousiaste, Abdelali Berrada considère la logistique «comme un secteur d’avenir. Il a, de toute évidence, un rôle important à jouer dans la performance des entreprises, des secteurs, des territoires et de notre pays. Comment ne pas être optimiste alors que la logistique, cette ambition nouvelle et complémentaire, se positionne aujourd’hui comme le levier fondamental de la vision stratégique audacieuse et volontariste portée par les plus hautes autorités de notre pays». Il est vrai que les chiffres semblent lui donner raison. Malgré l’imprécision des statistiques et dans l’attente de la mise en place de l’observatoire de la compétitivité logistique, le secteur représente tout de même 6% du PIB et 9% de la valeur ajoutée du secteur tertiaire et emploie quelque 110 000 employés, soit 10% de la population active urbaine !



Plateformes et services




Militzer & Münch Maroc SA, fondé en 1986, est aujourd’hui un des acteurs incontournables du transport multimodal : 2 plateformes sous douane sur Casablanca (19 000 m2) et Tanger (2000 m2), service de groupage route hebdomadaire garanti depuis et vers l’Europe, service maritime et aérien depuis et vers toutes zones via un réseau propre, solutions logistiques sur Casablanca et de dédouanement via la filiale de transit Spedimex Maroc... Le DG de M&M, Olivier Antoniotti, chapeaute quasiment toutes les branches sectorielles de la logistique. Son expertise est donc édifiante. Quid de la santé des secteurs des transports et de la logistique au niveau national? «Depuis quelques années, on assiste à une profonde mutation du secteur des transports et de la logistique au travers d’un alignement sur les standards internationaux. Cela se traduit concrètement par un développement des structures (autoroutes, Tanger Med…), par l’émergence de zone logistique et surtout par une valorisation qualitative de l’offre, que ce soit par des prestataires immobiliers mais également des prestataires logistiques. Ce virage nécessaire démontre très clairement les ambitions du pays et permettra une amélioration très sensible de la mise en place d’une supply chain qualitative et performante tant au niveau national, qu’international». Ce manager se montre également enthousiaste quant à la mise en place du nouveau code de la route en affirmant que «c’était à notre sens une nécessité et notamment dans le cadre du transport de marchandises. A notre échelle, ce virage avait déjà été pris il y a quelques années avec une mise à niveau de notre organisation et surtout celle de nos sous-traitants. Cela passait notamment par la mise en ligne de matériel récent aux normes internationales, à la souscription de contrat d’assurance spécifique à notre profession, à la mise en place de tachygraphe sur l’ensemble du parc et bien évidemment à l’embauche de chauffeur ayant l’expérience de la conduite de poids lourds. Aujourd’hui, la formalisation de ce nouveau code ainsi que les mesures d’accompagnement notamment dans la formation aux métiers du transport et de la conduite tirera inévitablement la profession vers le haut. Nous espérons également que l’informel sera réduit au fur et à mesure afin de garantir une concurrence saine sur le marché». Puisse-t-il être entendu ! Pour ce qui concerne le type de transport TIR, Olivier Antoniotti note que la libéralisation du transport a permis un développement du transport TIR. Il reste cependant beaucoup de travail à effectuer et particulièrement dans l’amélioration de la fluidité des marchandises. On peut notamment citer l’importance de la mise en place du statut d’opérateur économique (OEA), la dématérialisation des documents à l’export et la généralisation de l’EDI pour l’ensemble des acteurs dans le cadre d’une communauté portuaire ou aéroportuaire. Vu que cette filiale de multinationale dont la maison mère a été fondée en 1880 est spécialisée dans le transport multimodal, une question basique s’impose : aérien, voie maritime, réseaux routier et ferroviaire…, quels types de moyens choisir pour quels types de besoin ? «Le choix d’un type de transport est une question essentielle pour l’ensemble de nos clients. En qualité de professionnel, nous nous devons de renseigner et de proposer le service le plus adapté en tenant compte de plusieurs critères. Bien entendu le coût du transport est un élément important mais il convient d’étudier avec le client la spécificité de ces opérations. Le délai, le type de marchandise, la destination ou la provenance, la valeur de la marchandise, le risque marchandise, la quantité, la fréquence, sont autant d’éléments qui doivent permettre d’aiguiller au mieux la décision. A notre niveau, Militzer & Münch a fait le choix de proposer la plus large palette que ce soit en transport, routier, maritime et aérien en association avec des services tels que le transit et la prestation logistique», répond notre DG, lequel reconnaît que le pays répond aux standards internationaux en la matière. Même s’il reste encore beaucoup de chose à faire, le transport a considérablement évolué que ce soit à travers la mise à niveau des prestataires mais également des infrastructures aéroportuaires, portuaires et routières. Quant à la concurrence, Olivier Antoniotti précise que l’ouverture du Maroc sur le commerce mondial a considérablement dopé les échanges et donc bien évidemment la concurrence. Sur ce point, il estime qu’une concurrence respectant les mêmes règles et une concurrence saine sont des moteurs de développement. De nombreuses solutions innovantes arrivent sur le marché ce qui oblige à évoluer en permanence. «Nous avons toujours considéré chez Militzer & Münch que nous nous devions d’anticiper ces développements. Nous avons notamment travaillé sur la communication clientèle tel que l’accès au tracking marchandise via notre site internet mais également au développement de notre système d’information interne. Nous sommes d’ailleurs en plein chantier afin de répondre à la nouvelle réglementation ICS (Import Control System) entrée en vigueur le 1er janvier 2011 pour toute marchandise entrant sur le territoire de l’Union Européenne. Par ailleurs, c’est avec pertinence qu’il estime que le secteur est à l’image du développement du Royaume : «Même si les années 2009 et 2010 ont été en demi-teinte en terme de croissance, nous pensons que le secteur devrait se développer de manière très importante sur les prochaines années. C’est d’ailleurs dans cette optique que le ministère du transport a signé dernièrement le contrat programme logistique associé aux différents contrats spécifiques - transport de marchandises dangereuses - afin de poser les fondations d’un secteur en pleine mutation. Et dès lors qu’il se projette dans l’avenir, notre spécialiste prédit que le transport international restera un élément très important. Mais il faut également compter sur un développement considérable en matière de logistique et de transport intérieur afin de proposer des solutions performantes à l’ensemble de la supply chain». Et de préciser : «C’est d’ailleurs dans cette optique que Militzer & Münch démarre la construction d’une plate-forme logistique sur Casablanca en janvier 2011 devant nous permettre de proposer, sur une surface de 8 500 m2, 13 000 palettes de solutions logistiques à notre clientèle associé à des solutions de transport sur le Royaume».

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